Le Temps, 26 novembre 2004
TOXICOMANIE • Un rapport de l’Union européenne juge inquiétante l’augmentation de la consommation intensive de stupéfiants
Environ trois millions d’Européens fument chaque jour du cannabis, et les demandes de traitement ne cessent d’augmenter dans l’Union, selon un rapport publié jeudi à Bruxelles par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), qui dépend de l’Union européenne. «Cette consommation intensive de cannabis est préoccupante», s’inquiète l’OEDT. Son rapport annuel évoque des «signes de plus en plus manifestes» d’une relation entre consommation intensive de cannabis et «une série de problèmes sanitaires et sociaux» dans les États membres.
Selon l’OEDT, «0,9 à 3,7% des jeunes adultes consomment cette drogue de façon intensive, quotidiennement ou presque», avec des taux encore supérieurs chez les jeunes hommes, comme en France où 9,2% des garçons de 17 à 19 ans disent fumer chaque jour. Désormais, le cannabis est derrière l’héroïne la drogue «la plus fréquemment citée dans les rapports concernant les personnes entreprenant un traitement médical». «Environ 12% de l’ensemble des patients et 30% des nouveaux patients en traitement sont aujourd’hui déclarés comme souffrant de troubles principalement liés au cannabis», une proportion qui atteint 48% en Allemagne.
Cette tendance semble appelée à se renforcer puisque le haschisch est à l’origine de «80% des demandes de traitement pour les moins de 15 ans et de 40% entre 15 et 19 ans». «15% des lycéens de 15 ans qui ont consommé du cannabis au cours de l’année précédente déclarent en avoir consommé au moins à 40 reprises.»
Même si huit pays ont entrepris de mettre en place des programmes spécifiques (Danemark, Allemagne, Grèce, France, Pays-Bas, Autriche, Suède et Norvège), les traitements «se trouvent pour la plupart dans les centres» qui traitent d’autres toxicomanies et dont «on peut se demander s’ils sont adaptés à ceux qui ont des besoins moins urgents comme la plupart des consommateurs de cannabis», s’interroge l’OEDT.
À l’exception des Pays-Bas, l’apparition d’un cannabis plus puissant, souvent évoquée, ne semble pas massive sur le marché européen, où prédomine encore le haschisch importé à teneur en THC (principe actif) relativement stable (6 à 8%). Mais «la culture en intérieur se pratique désormais dans la plupart, voire la totalité, des pays européens», avec des techniques rodées pour obtenir une concentration «souvent deux à trois fois supérieure à celle de l’herbe de cannabis importée d’Afrique du Nord, des Caraïbes et d’Extrême-Orient», selon l’OEDT.
D’autre part, le rapport prévoit également une «hausse des décès liés à la drogue» dans les nouveaux pays membres de l’Union européenne. ■ AFP
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