TéléCinéObs, 4 décembre 2004
À propos du documentaire Tabou: À table!, d'une série produite par National Geographic
Manger, c'est affirmer son identité en se différenciant des autres. Selon ce qu'on ingurgite, on révèle son appartenance culturelle. […] la beauté comme le dégoût sont des valeurs bien subjectives. [Il existe des] raisons sociologiques et anthropologiques [à] nos habitudes alimentaires et [à] leur force inconsciente.
En Islande, une fois par an, au mois de février, a lieu un grand festival où l'on se régale de mets ancestraux datant de l'époque viking. "Manger est une manière très forte de réaffirmer ses racines." Au menu donc, du requin pourri et un délicieux pâté de testicules de bélier. Au temps des Vikings, le requin était conservé dans du lait fermenté puis enterré jusqu'au printemps. Les Islandais tiennent à conserver cette tradition, même si plusieurs d'entre eux s'accordent à trouver à la viande un arrière-goût d'urine assez prononcé. Dans le sud de l'Inde, les Anglo-Indiens ont pour étrange particularité de cuisiner des fœtus d'animaux. Si cette idée est insupportable pour beaucoup, c'est "parce qu'elle viole notre perception de l'ordre et de la propriété". Au Togo, le rat est un mets de choix. Il faut des heures aux chasseurs pour en capturer un. Pour résumer, "un mets acquiert de la valeur en fonction des efforts mis en place pour le trouver". À Taïwan, par ailleurs, on cuisine le pénis de taureau, réputé aphrodisiaque... ■ Sarah Gandillot
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