Le réveil sonne. Quatre heures. Lundi matin. Vingt-trois septembre. Je me lève pour aller travailler. On fonctionne en équipes, suite aux inondations de fin août qui ont rendu défectueuses certaines machines. Seule la scie à ruban tourne à raison de quinze heures par jour. Quatre heures et demie. Contact. Le moteur tourne rond. La route est libre, je vais pouvoir rouler selon mon envie, malgré la pluie. "C'est pas à cette heure que je risque de tomber sur des flics." Première. Je descends jusqu'à la route. Flèche à droite. Personne à gauche. Gaz. Je m'engage sur la route. Deuxième. Troisième. Cinquante à l'heure jusqu'à la sortie du village. Et après? La liberté. "Qu'est-ce qu'elle me disait? Elle avait peur à cent trente le long du golf? Même à cent quarante, ça passe facile!" Gaz. Cinq mille cinq cents tours/minutes. Cent vingt. Quatrième. Cent trente, cent quarante. Quel bonheur de se sentir libre. "Je savais bien que ça passerait, même à cent quarante! Faudra quand même que je pense à changer mes pneus, y sont quasiment lisses." Ligne droite. Cinquième. Cent soixante. Lever le pied. Virage à gauche. Re-ligne droite. "Saleté de pluie. Ça glisserait presque." Virage à droite. Cent quarante. "Pas besoin de couper les gaz, ça passe." Sortie du virage. La voiture tangue, "Merde! Merde! Merde!" Le pneu avant droit accroche la bordure. Effet tremplin. Elle décolle. "Elle est foutue!" Ça plane. Tout vole dans l'habitacle, comme en apesanteur. Boum! Tout retombe. La voiture est sur ses roues. Ou ce qu'il en reste... Feux de panne. Le pare-brise est dix mètres plus loin. Pourvu que personne ne suive de trop près. "Mes lunettes?" Avant toutes choses, téléphoner à la maison. "En tout cas, c'est pas aujourd'hui que je serai à l'heure au boulot..."
Raphaël CATTIN, charp, CEPM
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