Les fenêtres grandes ouvertes, je contemplais les reflets du soleil sur l'étendue argentée et infinie qui s'écrasait sur les flancs des falaises tranchants comme des couteaux.
Je profitais pleinement du brin de fraîcheur que me procurait le courant d'air, sous cette humidité accablante. La route sinuait entre la flore multicolore et les roches volcaniques, d'où jaillissaient des chutes d'eau éclaboussant les voitures et les cars touristiques.
Voilà deux jours que j'avais quitté Funchal, capitale de Madère, afin de rejoindre le Nord de l'île pour y retrouver la fraîcheur de l'océan Atlantique et les embruns qui s'écoulent le long de la montagne avant d'étouffer le village de Porto Moniz.
La voiture avait un peu de peine à gravir le col, derrière la file d'autobus qui crachaient des nuages de diesel. L'aiguille de température commençait à osciller dans la zone rouge, il fallait bientôt m'arrêter afin de remettre de l'eau dans le radiateur.
Je profitai d'un refuge au bord de la route pour m'extirper de ce four ambulant et laissai filer ces cars nauséabonds. Évidemment le capot de la voiture était bouillant et il me fallut bien vingt bonnes minutes pour pouvoir le soulever. Comme la tige qui le soutenait était cassée, je jonglai entre le bouchon du radiateur, la bouteille d'eau, l'entonnoir et ce satané capot. Après m'être carbonisé les mains, je m'octroyai une pause pique-nique, devant un panorama éclatant, disposant d'une gourde d'eau tiède, de trois sandwiches transpirants et d'une collection de fruits tropicaux tous plus sucrés les uns que les autres.
J'aurais souhaité repartir mais une roue de la voiture s'était ensablée. Je bricolai une rampe de fortune avec des pierres, espérant que cela fonctionnerait car j'en avais vraiment marre de cette auto, de ce soleil de plomb et du diesel. Enfin, après avoir habilement disposé les pierres et joué avec les suspensions, je repartis à toute allure en direction de Porto Moniz.
Au sommet du col, le changement fut brutal. Je quittais la moiteur tropicale pour un climat froid et humide. Une vallée verte s'étendait sous mes yeux et une légère brume voilait le port de Porto Moniz, transpercée par les derniers rayons du soleil. J'arrivai à temps à l'hôtel pour passer un pull et un pantalon avant de rejoindre la terrasse du restaurant et y admirer le rayon vert.
Sébastien CAMPICHE, dgeo, CEPM
Commentaires