Nouvel Observateur, 8 janvier 1983
On pourrait dire que la tristesse est physique, organique, qu'elle nous réduit aux limites de notre peau, nous y enferme, assourdissant tout écho en nous, arrêtant le temps, bloquant l'avenir, ralentissant nos pas, nos gestes, toute impulsion pouvant nous conduire plus loin et comme au-delà de nous-même. Tandis que la mélancolie, qui naît du regard, est la nostalgie d'un ailleurs, une sorte de rêverie, de contemplation; elle crée la notion de perspective dans le paysage mental où les scènes, les figures de la mémoire prennent leur juste place: la mélancolie n'est pas un sentiment passif, elle pense. Or la dépression serait plus proche de la tristesse que de la mélancolie, en ce qu'elle est atrocement physique, mais poussée à bout. ■ Hector Bianciotti
Commentaires