ats/reuters, 7 juillet 2005
L’indicateur de croissance économique produit une image trompeuse du bien-être national, notamment parce qu’il exclut totalement la question de la distribution des richesses. Un institut californien vient de créer un nouvel indice, l’«indicateur de progrès réel».
La croissance économique est souvent mise sur le même plan que l'amélioration des niveaux de vie. Mais certains arguent que la seule expansion ne produit pas toujours un accroissement de la prospérité d'une population. Un institut californien a créé un nouvel indice, «indicateur de progrès réel», qui propose une alternative plus précise au PIB.
Le produit intérieur brut (PIB) par habitant, l'une des mesures les plus larges de la production économique, prend souvent en compte de mauvais facteurs, estiment certains économistes. Il exclut, en outre, totalement la question de la distribution des richesses, produisant une image trompeuse du bien-être national. Aux États-Unis, par exemple, le PIB a affiché une solide croissance de 3,8% au premier trimestre. Mais deux années de forte croissance n'ont pas produit les emplois et les gains salariaux liés aux précédentes reprises économiques et beaucoup d'Américains n'en ont tiré aucun profit.
«Le PIB par habitant est un mauvais indicateur parce qu'il ne tient pas du tout compte de la question de la redistribution des richesses», explique Anwar Shaikh, professeur d'économie à l'Université de New School à New York.
La plupart des économistes le savent. Mais ils rappellent que le PIB représente l'indicateur le plus complet disponible, même s'il n'est pas sans inconvénients. Redefining Progress, un institut californien, a développé ce qu'il a baptisé «l'indicateur de progrès réel» (GPI [Sustain WellBeing], pour «genuine progress indicator» [2004 report]), qui propose une alternative plus précise au PIB.
Le GPI exclut des facteurs comme la criminalité, la population et l'éclatement des familles. En revanche, il intègre les tâches ménagères, le volontariat, l'aide aux personnes âgées et le temps libre. Résultat: «Le PIB a progressé de manière assez constante depuis 1950, excepté pendant des périodes de récession», note Cliff Cobb, membre de Redefining Progress. «Le GPI a progressé à peu près au même rythme de 1950 à 1975, mais depuis il s'est tassé.» Pourquoi une telle divergence? Si l'État américain, par exemple, achète un porte-avions de plusieurs milliards de dollars, cela contribue fortement au PIB. Et pourtant, la plupart des Américains n'en verront probablement jamais la couleur.
De la même manière, une usine qui rejette des polluants dans des cours d'eau améliore le PIB, tout comme un ouragan dévastateur qui relance l'activité dans la construction d'infrastructures après son passage.
«La manière dont nous mesurons les choses, c'est: s'il y a plus de cancer, c'est bon pour le PIB. Parce que si vous le traitez, alors le secteur de la santé en bénéficie», note Mark Weisbrot, économiste au sein au Center for Economic Policy Research de Washington.
Les indicateurs de performances économiques masquent en outre fréquemment de fortes disparités internes entre riches et pauvres, vieux et jeunes, hommes et femmes. En 2003, 1,3 million d'Américains sont passées en dessous du seuil de pauvreté, portant à 35,9 millions le nombre total des pauvres.
Anwar Shaikh, de l'Université New School, élabore un indice dit de la «vaste majorité» qui exclurait les très riches des statistiques pour se faire une meilleure idée du niveau de vie des 80 à 90% Américains.
Un tel indice pourrait s'avérer encore plus utile dans les pays en développement, note-t-il, puisque les énormes écarts de richesse et de revenus dirigent constamment les bénéfices de la prospérité économique vers les très riches. ■
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