24 heures, 16 juin 2005
[...] Au Moyen Âge le mot finance désignait, entre autres, une rançon. Il remonte au verbe finer, de la même racine que fin et finir, qui signifiait «mener à terme», «régler», «payer son dû». La finance a donc désigné un versement, puis des ressources, puis la régie des impôts et enfin le monde des affaires. Autre dérivé de finer, l'anglais fine signifie «amende». Un synonyme grec telonion (issu de telos, «fin») a donné toll et Zoll, les mots anglais et allemand pour «péage» et «douane».
Le budget est un mot franglais. Issue du gaulois, la bolge ou bouge médiévale était un sac de cuir. Son diminutif bougette a été emprunté par les Anglais d'antan qui, ne connaissant le son J que dans le composé DJ, en ont fait budget. Au XVIIIe siècle, quand le chancelier de l'Échiquier faisait rapport au Parlement et annonçait les futures dépenses, on disait qu'il «ouvrait sa bougette». Et le mot a retraversé la Manche sous la forme budget. Les motifs pour lesquels l'échiquier désignait le trésor royal restent controversés. Un sac de cuir pouvait aussi s'appeler bourse, mot latin issu du grec byrsa. D'où le terme boursier pour le gérant des finances. Selon la légende, le sens financier de bourse serait né à Bruges, où les commerçants se réunissaient devant ou dans la maison d'une famille van der Burse qui portait trois bourses dans son blason. Mais cette explication paraît superflue. Vu l'usage fait de ces sacs, le sens du mot pouvait naturellement s'étendre au lieu où s'effectuaient les transactions.
La banque, elle, est la variante féminine de l'italien banco, le banc, qui désignait la table du changeur ou du prêteur médiéval. Le mot crédit remonte au verbe latin credere, qui signifiait à la fois «croire», «faire confiance» et «confier», d'où la notion d'argent prêté. Idem pour la créance, jadis synonyme de «croyance». Un fonds était à l'origine un domaine rural, puis un bien immobilier ou mobilier, et enfin le capital nécessaire à une entreprise - d'où l'expression fonds de commerce.
Le substantif capital a la même origine que chef (tête) et cheptel. Il désignait l'«essentiel» du patrimoine, incarné jadis par le bétail, puis par la partie productive de la fortune, par opposition aux profits retirés. Ces derniers étaient nommés intérêt, du terme latin interest («il y a une différence»). Quant au mot bénéfice, il équivaut à «bienfait» ou «producteur de bien» en latin. ■ Alain Pichard
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