Le Temps stratégique, janvier 1998
Être un homme, c'est être capable d'endurer, avec dignité, les épreuves inévitables de la vie.
Un proverbe africain dit:
«Que suis-je et que puis-je sans les autres?
En venant, j'étais dans leurs mains,
En partant, je serai dans leurs mains.»
Cet aphorisme évoque la solidarité, la communauté, la socialisation, thèmes qui diffèrent radicalement des idéaux de développement individuel, de compétitivité, de productivité, de profit, de culture d'entreprise, dont se réclament les sociétés occidentales. Il est aisé de montrer qu'en dépit de leur diversité, toutes les cultures africaines traditionnelles retiennent comme valeurs essentielles l'être, l'endurance, l'intégration dans le groupe, et accordent de ce fait à la formation humaine, morale et spirituelle de l'enfant une importance extrême. Elles l'aident à construire la force intérieure qui lui permettra de conduire sa vie et d'affronter l'adversité. Elles valorisent les difficultés auxquelles il ne peut manquer de se heurter dans sa vie quotidienne et, bien sûr, les rites, souvent douloureux, des classes d'âge ou des sociétés d'initiation, organisées en degrés que le jeune doit gravir l'un après l'autre dans sa quête de la sagesse et de la perfection. ■ Abdou Touré, sociologue à Abidjan
Les commentaires récents