Le Nouvel Observateur, 16 janvier 2003En s'interrogeant sur la manière dont se constituait leur société nationale, les Américains ont consacré une énergie intellectuelle considérable à étudier les relations entre les groupes définis par leurs origines et à gérer leur cohabitation dans la société américaine. C'est à l'intérieur de cette réflexion qu'est intervenue la législation de l'affirmative action [Encarta ׀ Now ׀ Stanford Enc. of Phil. ׀ Umich ׀ Understanding Prejudice ׀ Wikipedia], destinée à compenser les handicaps historiques dont certaines populations, essentiellement les Noirs, avaient été les victimes. Si justifiée que fut l'intention de compenser la manière dont les Afro-Américains avaient été traités, les critiques ont fait remarquer que cette politique avait eu pour effet inévitable de cristalliser l'existence même de ces groupes et de «racialiser» ou d'«ethniciser» les relations sociales. En donnant des droits particuliers - même justifiés - à certains groupes, on réaffirmait l'«appartenance» à un groupe particulier, aux dépens de la conscience de l'appartenance au collectif. Et pourtant cette politique a été encadrée par la Cour suprême, pour que la reconnaissance des divers groupes dans l'espace public se conciliât avec le principe fondateur de l'ordre social, celui de l'égalité de tous les citoyens devant la loi. ■
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