24 heures, 15 août 2005
L'emblème [COE ׀ Wikipédia] est né, nous
dit-on, de l'imagination d'Arsène Heintz, un employé au service du courrier du
Conseil de l'Europe, à Strasbourg. Choisi le 25 octobre 1955, après de longs
débats (et le rejet de toutes les enseignes comportant une croix), par
l'assemblée parlementaire d'un Conseil de l'Europe qui ne groupait alors que 10
États (Belgique, Danemark, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Norvège,
Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède) et non point 12, il a été adopté en 1983 par le
Parlement européen pour devenir, en 1986, le drapeau officiel de la Communauté
européenne (qui comptait effectivement 12 membres à cette date). Le bleu,
couleur du ciel, est à lire comme emblème d'espace, de liberté et de bonheur,
la couronne d'étoiles comme signe d'union, et le chiffre 12 comme symbole de
plénitude dans de nombreuses traditions (12 mois de l'année, 12 signes du
zodiaque, 12 travaux d'Hercule, 12 tribus d'Israël, 12 apôtres, etc.). On peut
encore remarquer que ces étoiles ne se touchent pas, indice d'ouverture pour
une Europe qui n'est point réalité achevée, mais constamment à construire et
parfaire.
Or cette couronne de 12
étoiles, on la trouve déjà dans un texte biblique fameux (Apocalypse 12) [...].
L'auteur de l'Apocalypse,
pour redonner courage à ses lecteurs en un temps de persécution, décrit
l'apparition dans le ciel d'un dragon qui cherche vainement à dévorer l'enfant
qu'une femme, couronnée de 12 étoiles, va enfanter. Or cette femme est la
personnification du peuple de Dieu: Israël et/ou l'Église du Christ. Au terme
de la lutte entre bien et mal, elle préfigure la nouvelle Jérusalem, cité
d'amour et de paix, qu'inaugure l'enfant. Ce texte ne parle pas de Marie, mais
nos aînés ont aimé à le relire en voyant en celle qui enfante la mère du
Messie, et dans les 12 étoiles, un signe de l'accomplissement du salut. Qu'on
me lise bien! Je ne suis point en train de vouloir tisser des liens indus -
certains s'y appliquent par piétisme - entre la figure de Marie et la terre
d'Europe, mais l'occasion est bonne pour souligner l'importance et la nécessité
d'une connaissance - aujourd'hui en déroute - des traditions chrétiennes qui
ont façonné le patrimoine culturel séculaire de notre vieux continent, au
risque, sinon, de perdre la saveur et le bon usage de certaines images, ce qui
n'est pas moins grave que la perte du sens ou l'abus des mots. ■ Philippe Baud, prêtre
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