Journal du Théâtre Vidy-Lausanne, avril 2006
L'essentiel, ce n'est pas d'imaginer que le théâtre peut ou non avoir une influence sur le cours des choses. L'essentiel est de le faire, ou de peindre, de sculpter, de faire de la musique, d'écrire. Voilà l'essentiel. Mais je pense aussi que s'il n'y avait plus de théâtre, quelque chose changerait dans la société humaine. En même temps, il est évident que les lois qui régissent l'univers, ce n'est pas le théâtre qui va les changer. Dans la société humaine, il joue toutefois un rôle important, qui s'est établi depuis des millénaires. Le théâtre peut avoir une influence sur quelques personnes, disons une dizaine ou une douzaine, une vingtaine si l'on est optimiste au cours d'une bonne représentation. Ces personnes sont touchées profondément et chez elles le spectacle produit une action durable. Elles sont marquées pour l'existence. Ensuite, ça rayonne, ça a des conséquences. Comme le dit Brecht: il faut considérer toutes les forces vives de l'individu comme étant en changement, comme n'étant pas des valeurs éternelles, mais qui peuvent évoluer. D'autre part, le plaisir même du théâtre, le jeu du théâtre est aussi un entraînement à considérer la vie et l'existence avec le sérieux et la gratuité qui est celle des nourrisssons, qui se défendent pour vivre et qui, pour se défendre, jouent. Le jeu avec la réalité est une nécessité pour la société humaine. Il peut se pratiquer comme ci ou comme ça. En tout cas, le théâtre est une des possibilités parmi les meilleures. Parce que le théâtre est un jeu avec la réalité, qui a le caractère de l'existence de l'individu, qui est éphémère. Une soirée de théâtre, soit elle est réussie, soit elle est ratée, comme la vie. Une fois que c'est réussi ou raté, c'est fini. Une représentation et la vie sont sans retour. ■ Propos de Benno Besson, homme de théâtre, recueillis par R. Z., lors d'un entretien réalisé en 2002

Elias Canetti
"Das Gewissen der Worte", Essays,
Hanser 1976
"Der Beruf des Dichters"
Münchner Rede Januar 1976
("La profession du poète"
Munich 1976 )
Canetti dit que par hasard il vient de lire la note d´un poète inconnu datée le 23. August 1939, qui écrit:
"Es ist aber alles vorüber. Wäre ich wirklich ein Dichter, ich müßte den Krieg verhindern können." Environ :
" Mais maintenant tout est raté.
Si je serais un vrai poète, je pourrais prévenir cette guerre !"
Je regrette d´être incapable de traduire plus de ce discours de C. qui, pour commencer, ne sait qu´exprimer ses doutes
diverses...profondes....
tant plus surprenantes ses idées suivantes et ses conclusions étonnantes...
Rédigé par : mu | 25.05.2006 à 21:44