Bulletin du Credit Suisse, mai 2005
Les véritables techniciens du football sont les dribbleurs, aujourd'hui dénigrés à cause de leur tendance à faire de l'art pour l'art. Ils font subitement leur apparition en 1924, aux Jeux olympiques de Paris, incarnés par les Uruguayens et leur dribble prodigieux, traçant inlassablement des «moñas» (lacets) sur la pelouse. De la pure sorcellerie qui laisse leurs adversaires pétrifiés. Face à cela, les Européens n'ont à opposer que le «kick & rush» britannique et la passe courte écossaise. [...] José Leandro Andrade, surnommé la «Merveille noire», révèle la formule magique: les joueurs s'entraînent en coursant les poules, qui décrivent en s'enfuyant des trajectoires en forme de «s».
L'année 1924 réserve encore des surprises. Au cours d'un match amical contre les champions olympiques, l'Argentin Cesareo Onzari transforme un corner sans qu'aucun autre joueur n'ait touché le ballon. Ce but, le premier du genre dans l'histoire du football, est surnommé «but olympique». Même aujourd'hui, il est extrêmement rare. Lorsqu'un joueur envoie ainsi le ballon directement dans les buts suite à un corner, le public est en liesse mais n'y croit pas vraiment. La «bicyclette», autre virtuosité acrobatique, est également une invention des Sud-Américains: la «chilena» arrive en Europe en 1927, à l'occasion d'un séjour en Espagne du club Colo-Colo. Aujourd'hui, la «bicicletta» est surtout prisée des Italiens. ■ Andreas Schiendorfer
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