La religion pèse énormément sur la vie des individus. C'est pour cette raison que les sociétés arabes ont imaginé deux niveaux de vie: une vie secrète personnelle, où les personnes pratiquent le sexe, les plaisirs en tout genre - et, à ma connaissance, ce qu'ils ont vécu comme plaisirs, personne d'autre ne l'a vécu à ce niveau-là! -, et une vie religieuse officielle. Ce qu'on peut lire dans l'histoire arabe est intense quand il s'agit des relations entre les hommes et les femmes. Les hommes pouvaient mourir d'amour pour une femme, ils pouvaient la suivre d'un pays à un autre, tuer leur mari pour la posséder, ou même l'enlever... Ils accédaient à tous les plaisirs, mais dans le secret, en cachette, afin de ne pas entrer en conflit avec la religion et le reste de la société. L'autre dimension des sociétés arabes est religieuse, elles est conservatrice et respectueuse des traditions et des textes coraniques. Aujourd'hui encore, la société arabe suit ces deux chemins. Un chemin libertin et secret et un autre chemin ostensiblement religieux.
Propos d'Adonis, de son vrai nom Ali Esber, poète libano-français, in: Ninar Esber, Conversations avec Adonis, mon père, Seuil, 2006
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