Le Nouvel Observateur, 3 novembre 2005
En 2003, la Tate Gallery de Londres exposait un véritable poisson vivant dans son bocal. Une œuvre d'art. À la base du bocal, «un bouton sur lequel les visiteurs étaient invités à appuyer, pour électrocuter le petit invertébré aquatique» (Philippe Muray, romancier et essayiste, in: Moderne contre moderne, Les Belles Lettres, 2005). ■ Fabrice Pliskin
En 2003, une œuvre d'art similaire avait donné lieu à des poursuites judiciaires qui ont finalement débouché sur l'acquittement d'un directeur de musée danois. Marco Evaristti, artiste danois d'origine chilienne, avait proposé une installation dans laquelle des petits poissons rouges se trouvaient dans dix... mixeurs, que les visiteurs du musée d'art moderne de Trapholt à Kolding pouvaient, s'ils le voulaient, mettre en marche. Le but était de mettre à l'épreuve la conscience morale du visiteur en le laissant «libre d'appuyer ou non sur le "bouton de la mort"». Une association de défense animale a fait condamner le directeur du musée par la police à 269 euros d'amende, ce qui est énorme évidemment, pour... avoir refusé de couper le courant. Ce refus a coûté la vie à deux poissons rouges.
Sans l'art moderne, le monde serait triste.
Complément: expérience de Milgram
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