Le Nouvel Observateur, 18 mai 2006
[...] Dans l'Égypte ancienne, considérée comme la «mère des sociétés initiatiques», le commun des mortels devait se contenter de déposer des offrandes devant le temple; seuls quelques heureux élus pouvaient y pénétrer et avaient accès aux mystères, en particulier ceux d'Osiris. Cette opposition entre «initiés» et «profanes» (pro fanum, littéralement «devant le temple») est capitale pour comprendre dans quelle tradition s'inscrivent les sociétés secrètes. Elle s'est perpétuée autour des trois grandes religions du Livre. Le judaïsme, le christianisme et l'islam sont des religions exotériques (du grec exoterikos, «public»): leur message s'adresse au plus grand nombre. La démarche des courants ésotériques (esoterikos, «réservé aux adeptes»), qui se sont développés à la marge de ces cultes, est exactement l'inverse. Dès les premiers siècles de la chrétienté, ceux que l'on appelle les gnostiques sont convaincus que les Écritures recèlent un sens caché accessible à une seule élite. Certains de leurs Évangiles dits apocryphes (qui n'ont pas été retenus par l'Église dans le canon de la Bible) évoquent une relation provilégiée entre Jésus et Marie Madeleine [...]. Chez les juifs, ce sont les kabbalistes qui, dès le Moyen Âge, cherchent à «décoder» la Torah. Chez les musulmans, les soufis, regroupés dans des confréries plus ou moins secrètes (les Tarîqa), pratiquent eux aussi une lecture mystique du Coran. ■ Marie-France Etchegoin
Complément: Aperçu sur l'ésotérisme dans les religions monothéistes
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