Le Temps, 21 juin 2006
L'idée qu'il n'existe pas d'organisation sociale légitime sans redistribution des richesses est très ancienne. En 350 avant J.-C., Platon définissait, dans Les Lois, les proportions d'une répartition équitable des richesses au sein de sa cité-État imaginaire. Puisque les colons arrivaient avec des biens disparates au départ, le philosophe a instauré une égalité géométrique entre quatre classes de contribuables, déterminées par l'importance des fortunes. Le plus riche étant quatre fois plus nanti que le plus pauvre. On est loin de ces patrons qui perçoivent dorénavant 500 fois le salaire minimum de leur employé le moins bien payé.
[...]
En 384 avant J.-C., le coureur crétois Sotadès a participé aux 99es Jeux olympiques contre une somme d'argent suffisamment importante pour faire scandale. Quelques siècles plus tard, Euripide écrivait à propos des athlètes: «Comment est-il possible qu'un homme qui est l'esclave de ses mâchoires et le serviteur de son estomac puisse acquérir plus de fortune que son père?»
[En 1785, le scandale lié à l'affaire du collier de la reine] allait discréditer définitivement Marie-Antoinette aux yeux du peuple français. Le collier valait la somme astronomique de 1,6 million de livres, soit 4500 ans de travail d'un ouvrier d'imprimerie de l'époque, qui percevait une livre par jour. [...] ■ Fabienne Bogadi
Commentaires