Le Temps stratégique, juillet 1999
Dans l'Antiquité, tracer le plan d'une ville était un acte dangereux, parce qu'il remettait en cause l'ordre de la nature voulu par les dieux. La fondation d'une ville ne pouvait donc s'effectuer que dans le cadre d'un rituel précis, dirigé par les prêtres. Il en allait de même pour la construction de ponts sur les rivières, longtemps divinisées. Jusqu'au Moyen Âge, ce seront des ordres religieux qui interviendront dans ce domaine, raison pour laquelle le pape porte encore le nom de grand pontife (pontifex maximus, le «grand constructeur de ponts»).
Le célèbre plan en damier des nombreuses villes romaines construites tout autour de la Méditerranée ne se contentait pas de reproduire le plan du camp des légions; il répondait à un rituel déjà attesté chez les Étrusques. Après des sacrifices, l'augure implantait les deux axes othogonaux, appelés cardo [- l'axe autour duquel tourne le soleil, du nord au sud -] et decumanus [- contraction de duodemanus, la ligne de douze heures entre le lever et le coucher du soleil, qui s'étend d'est en ouest -], en rapport avec la voûte céleste, afin que la ville puisse vivre en harmonie avec le cosmos. À la même époque, les Chinois avaient précisé les règles d'une géomancie de nature comparable pour tracer les plans des villes et des maisons. [...]
Beaucoup de villes européennes datent de l'époque romaine, et le quadrillage initial reste souvent bien visible sur leur plan. [...]
Au Moyen Âge, l'insécurité obligeait les villes à rester enserrées dans le corset de leurs murailles; le manque de place qui en résultait donnait des villes denses, aux rues étroites et sinueuses. Cela obligeait aussi les municipalités à édicter les premiers règlements concernant la manière d'implanter les maisons, la possibilité de construire en encorbellement au-dessus de la rue, la tolérance accordée aux étals que les marchands souhaitaient installer devant leur seuil.
Il ne s'agissait pas encore d'urbanisme, car ces mesures d'ordre restaient partielles et sans vue d'ensemble. Mais on peut parler de préurbanisme, car elles traitaient déjà d'un des problèmes fondamentaux qui se posent toujours à l'urbanisme, à savoir comment délimiter et articuler entre eux l'espace public ouvert à la libre circulation des hommes et des marchandises, et les espaces privatifs où l'on aura le droit de construire des maisons.
[...] Les deux objectifs centraux de tout urbanisme sont [...] la mise en ordre de l'espace et l'embellissement de la ville.
De la Renaissance à l'époque classique, la puissance croissante des États amène les rois et les princes régnants à développer un art des grands décors urbains. [La paix permet aux intendants royaux] de désembastiller les villes en rasant les vieilles murailles. Sur les terrains libérés, ils mettent en place de vastes décors arborés [...]. ■ Jean-Paul Lacaze, polytechnicien, ingénieur général des Ponts et Chaussées, professeur d'urbanisme à l'École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), à Paris
1 Maison d'Aristide 21 Maison du Métier à Tisser
2 Maison d'Argus 22 Maison du Mobilier Carbonisé
3 Maison du Génie 23 Maison de Neptune-Amphitrite
4 Maison du Squelette 24 Maison du Bicentenaire
5 Boutique du Cardus III 25 Fontaine d'Hercule
6 Maison de Galba 26 Maison de l'Atrium Corinthien
7 Thermes du Forum 27 Maison du Sanctuaire
8 Maison aux deux Atriums 28 Maison du Grand Portail
9 Maison à la Colonnade Toscane 29 Magasin des Céréales
10 Collège des Prêtres d'Auguste 30 Maison de l'Étoffe
11 Fontaine de Vénus 31 Maison des Cerfs
12 Maison du Salon Noir 32 Thermes Suburbains
13 Maison à la Cloison de Bois 33 Maison de la Gemme
14 Maison à Colombage 34 Maison du Bas-relief de Télèphe
15 Maison de l'Hermès en bronze 35 Gymnase
16 Maison de l'Auberge 36 Pistrinum
17 Enceinte Sacrée
18 Maison de l'Atrium à Mosaïque
19
Maison de l'Alcôve
20 Maison Samnite
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