Bulletin du Credit Suisse, août 2005
À cela deux explications qui ne se recoupent qu'en partie. Selon la première approche, l'adulte joue parce qu'il a un problème. Il compense par le jeu ce qu'il ne peut pas réaliser dans la vie réelle. Aux cartes, par exemple, il a l'occasion de s'imposer autour d'une table et de gagner la partie, même s'il est plutôt un perdant dans la vraie vie; ou il peut se sentir socialement intégré en jouant, alors que ce n'est peut-être pas le cas dans la réalité. La seconde approche part, elle, de l'idée de recherche d'équiibre, tant en termes de détente que de régression, cette dernière notion étant définie comme le besoin périodique d'un retour à l'enfance qui permet de continuer à fonctionner pleinement comme adulte.
À ces deux thèses s'ajoutent bien sûr les aspects sociologiques du jeu: la structure dominante de la société se retrouve dans le jeu. Des études ont révélé que les jeux de sport et de combat revêtaient surtout de l'importance dans les sociétés fonctionnant sur le principe de la concurrence; selon une théorie tout à fait plausible, les compétitions internationales remplaceraient en quelque sorte les guerres. Dans ces compétitions, les petites nations peuvent aussi gagner et briser ainsi les rapports de force politiques et militaires. D'un autre côté, les jeux de hasard sont particulièrement répandus dans les sociétés où le destin joue un rôle important en tant que puissance supérieure. ■ Rolf Oerter, ancien professeur de psychologie aux Universités d'Augsbourg et de Munich (Ludwig-Maximilian)
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