Le Nouvel Observateur, 11 mai 2006
Les données pétrolières - réserves, production, prospectives de la demande - sont toutes manipulées politiquement. Pour un État comme pour une compagnie privée, il s'agit de donner une certaine image de soi en exhibant des chiffres qui vous valorisent. Publier des statistiques ou formuler des anticipations sont des actes politiques. En outre, la géologie n'est pas une science exacte. Le pétrole est un «monde de brut», un univers de bluffeurs. De nouveaux gisements? Personne aujourd'hui ne croit que l'on trouvera bientôt une autre Arabie Saoudite, une autre mer du Nord, ou un nouvel Alaska. D'ailleurs, malgré les incertitudes [...], le pic du volume des découvertes de pétrole a été passé il y a plus de quarante ans et, depuis vingt-cinq ans, le monde consomme chaque année plus de pétrole qu'on en découvre. En outre, cet écart (entre les découvertes et la consommation annuelles) tend à s'accroître: aujourd'hui, nous découvrons un baril de pétrole pendant que nous en consommons cinq. Cette situation n'est pas durable. ■ Propos d'Yves Cochet, ancien ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, militant écologiste, député vert de Paris, recueillis par Gilles Anquetil et François Armanet
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