Le Temps, 18 février 2006
Il est absolument nécessaire de conduire la politique au nom de l'humanité et des droits humains. Dès qu'on attache le politique au nom de Dieu, c'est une catastrophe. Le despotisme ne fait pas autre chose, car il se présente comme l'ombre de Dieu sur terre. Cette hétérogénéité du pouvoir installe l'exercice de la politique dans la coercition. Si la politique et le droit sont dictés par Dieu en personne, sans médiation humaine, on a alors affaire à un absolu indiscutable, ce qui constituerait en théorie le fascisme le plus accompli. La séparation du politique et du religieux me paraît donc absolument nécessaire. Nous avons besoin non pas d'hétérogénéité, mais d'homogénéité et de concertation humaine. L'unique solution, c'est la démocratie. Mais il est vrai que le terme laïcité semble aujourd'hui banni des sociétés arabo-musulmanes. ■ Propos de Abdelwahab Meddeb, écrivain et essayiste, recueillis par Patricia Briel
Commentaires