Polyrama, juin 2005
[...] Qu’il s’agisse de voir une simple ligne ou un arbre, on est engagé dans une action dynamique. La vision est un processus actif, car il exige du cerveau de faire abstraction des continuels changements et d’en extraire ce qui est nécessaire pour catégoriser des objets, sacrifier ainsi toute l’information qui n’a pas d’intérêt pour en obtenir la connaissance recherchée et comparer l’information sélectionnée avec celle qu’il possède déjà.
Pour illustrer cette dynamique et pour mesurer le travail qui se produit entre l’image projetée et ce que nous en restitue notre cerveau, Michael Herzog, professeur de psychophysique à l'École polytechnique de Lausanne, ne résiste pas au plaisir de vous faire subir un test. Il vous installe devant son ordinateur et vous invite à regarder un petit film.
Six joueurs de basket dribblent avec deux ballons, trois appartiennent à l’équipe des t-shirts noirs et les trois autres à l’équipe des t-shirts blancs. Il s’agit de compter combien de passes de ballon exécutent les t-shirts blancs.
Vous vous mettez donc à compter avec une attention soutenue, car les ballons circulent vite et les joueurs se déplacent rapidement. Un instant, quelque chose vous obstrue la vue, alors vous redoublez de concentration pour suivre le ballon des blancs. Le petit film s’arrête. Il semble avoir duré une quinzaine de secondes, moins sans doute. Vous avez compté 17 ou 18 passes de ballon et alors Michael Herzog vous demande le plus sérieusement du monde: «Have you seen the gorilla?» Le gorille? Mais quel gorille?
Vous visionnez le film une seconde fois et alors que vos yeux embrassent consciemment l’intégralité de l’écran, vous voyez apparaître au beau milieu des joueurs, déambulant d’un pas lent, un faux gorille à l’air débonnaire, qui vient même frapper de ses poings ses pectoraux au beau milieu de votre champ de vision, avant de repartir, toujours aussi nonchalant.
Michael Herzog vous démontre par cette brève expérience qu’il ne suffit pas de détecter visuellement un objet pour le reconnaître. «En l’occurrence, explique-t-il, le cerveau de l’observateur gomme tout ce qui peut nuire à la compréhension nécessaire du processus, tout comme, dans d’autres cas, il reconstruira quelque chose d’absent. Un bel exemple de cette reconstruction est fourni par les illusions de luminosité qui font apparaître des figures par effet de contraste.» ■ Barbara Fournier
Cela présuppose qu'il y ait des joueurs, un gorille, etc, ou qu'ils se donnent à voir à l'écran. Plus troublant: nous savons que l'oeil ne voit rien, il reçoit un signal formé de stimuli, le signal est codé puis transmis au cerveau qui lui, construit le "réel" que nous "percevons". La perception de nous-mêmes percevant étant tout autant sujete à caution que tout le reste!
Intéressant le test du gorille!
Rédigé par : Sugus | 21.09.2006 à 19:28