La fonction publique, octobre 2006
L'un des mérites des sciences humaines - sociologie, psychologie, psychiatrie... - est d'avoir pu cerner un certain nombre de facteurs, de climats ou de circonstances favorables qui permettent de mieux comprendre pourquoi telle personne dans telle circonstance a commis telle faute. Or l'apport fructueux des sciences humaines s'est vu peu à peu instrumentalisé de façon radicale par notre société contemporaine. D'explicatives qu'elles étaient, voici ces sciences qui deviennent étrangement déterministes. En effet, l'on fait de plus en plus appel à elles pour expliquer et justifier toute conduite et erreur de conduite. Et tout un chacun, tenté par l'angélisme enfantin, s'en sert abondamment pour masquer sa responsabilité. Selon les cas, je puis revendiquer une enfance difficile dans une famille décomposée, une orientation sexuelle frappée de l'innéisme de la nature, une malformation génétique qui me pousse à certains excès d'alcool ou de sexe, une adolescence manquée dans un quartier malfamé... Ainsi, les coupables et les fautes s'évanouissent peu à peu, car il n'y en a tout simplement plus. S'évanouit également ce qui constituait l'homme émancipé et moderne: la liberté et, ce qui lui était congénital, la responsabilité. Denis de Rougemont en faisait déjà un diagnostic éclairant au début du siècle dernier dans La Part du Diable: nous nous cachons de plus en plus derrière toutes sortes de déterminismes et fatalismes quotidiens qui nous privent insidieusement de notre dignité, de notre faculté de choisir, de nous déterminer en tant qu'homme et d'être responsable de nos choix. Nous voici revenus à l'attitude puérile de notre vieil ancêtre Adam qui, sur le banc des accusés, se défend: «Non, [...] ce n'est pas moi qui ai mangé la pomme, c'est elle (non plus Ève, mais les circonstances de vie, le contexte familial, groupal, social...)». Autrement dit, nous jetons toute la responsabilité sur la «société» qui a évidemment toujours bon dos car, contrairement à Ève, elle ne peut pas vous répondre. Certes, dans certains cas, un homicide clairement attesté par exemple, il est plus difficile de clamer haut et fort son innoncence. Dès lors que vous avez laissé vos empreintes sur l'arme, vous êtes en principe déclaré coupable, quels que soient les mobiles que vous avancez. ■ Yan Greppin
oh oui
et vite
à chacun de faire son introspection...
de cesser se permettre/
se pardonner trop
par des raisons "profondes".....
j´ai honte !
Rédigé par : mu | 02.11.2006 à 13:50