Le Temps, 3 ocobre 2006
Ce que le bon sens populaire perçoit, les études internationales le confirment: plus le système scolaire est envahi par la nouvelle pédagogie, plus le niveau baisse. À leur tour, les chercheurs qui étudient l’efficacité de la pédagogie «centrée sur l’élève», la «pédagogie de la découverte» [CSPI | SLR], la «pédagogie active» [INRP] arrivent toujours à la même conclusion: l’échec. Échec aussi bien pour
la maîtrise des connaissances que dans la résolution de problèmes et l’équilibre psychologique des élèves.
Cette pédagogie nouvelle est née en grande partie des théories de Jean Piaget (1896-1980) [Agora | Doctissimo | Rad2000 | McGill | Tecfa] sur le développement de la connaissance chez l’enfant. Pour Piaget, la connaissance ne se transmet pas de façon directe, mais doit être reconstruite par l’enfant. C’est la base du «constructivisme» qui constitue la carte d’identité de la nouvelle pédagogie. Avec l’élimination dans l’école de tout ce qui relèverait de l’imitation et de la mémorisation. Mais les faits sont là: une école fondée sur cette théorie éducative est inefficace. Et elle l’est tout particulièrement auprès des enfants de milieux défavorisés, ceux-là mêmes que les réformateurs de la pédagogie prétendaient aider. Piaget s’est donc trompé.
On peut esquisser plusieurs explications. Piaget appartient à la génération des révolutionnaires, cette génération convaincue qu’il fallait tourner résolument la page du passé dans
divers domaines. Ses observations sur la psychologie lui donnaient des arguments pour faire table rase de tout ce qu’avait pu être l’enseignement d’«avant». D’où aussi son amitié pour Henri Wallon [Doctissimo | Dicopsy | UNESCO]. L’ambition d’ouvrir une ère nouvelle dans l’éducation publique peut avoir éloigné Piaget de certaines vérités.
Autre hypothèse, il a pu confondre entre les apprentissages naturels et les apprentissages scolaires. Observer comment l’enfant procède dans ses apprentissages naturels – comme celui de la marche – ne garantit pas que l’école puisse fonctionner selon les mêmes principes. On est même en droit d’affirmer le contraire: s’il a fallu, dans le monde entier, créer des écoles pour apprendre à lire, à écrire et à compter, c’est probablement parce que ces disciplines, justement, ne s’acquièrent pas par apprentissage naturel.
Un quart de siècle après la mort de Piaget, on pourrait attendre de nos chercheurs en sciences de l’éducation un peu de recul, de distance. Tout au contraire, on les entend répéter presque mot pour mot les paroles de Piaget, on les voit mettre en œuvre, jusque dans les détails, les programmes élaborés dans la première moitié du XXe siècle. Sans prendre en compte les critiques scientifiques récentes, issues notamment des milieux anglo-saxons (qui avaient pourtant été les premiers à s’enthousiasmer pour les pédagogies «actives»). Comme dans une secte qui réciterait les paroles du maître sans jamais les remettre en question.
Ce curieux phénomène a une explication: Jean Piaget
flatte les enseignants qui adhèrent à sa pédagogie, ce qui lui attire l’adhésion inconditionnelle des syndicats d’enseignants. Et la pédagogie héritée de Piaget fait une très large place au monde des psychologues qui trouvent, dans cette vision de l’école, une garantie d’emploi à long terme. Il existe donc des intérêts corporatifs très forts pour défendre avec intransigeance tout enseignement hérité de
Piaget et pour faire taire tous ceux qui s’aviseraient de le contester. Ces intérêts corporatifs n’ont rien à voir avec les intérêts des élèves.
Déboulonner Jean Piaget, c’est le ramener au rang qui est le sien: celui d’un chercheur, certes génial, mais dont les théories méritent sans cesse d’être vérifiées ou invalidées. C’est libérer nos écoles publiques de la domination de disciples qui citent le «maître» pour s’épargner la réflexion. ■ Jacque-André Haury, médecin et député libéral au Grand Conseil vaudois
les pommes sont bonnes pour la santé
sans doute !
mais si l´on se nourrirait exclusivement des pommes
on tomberait malade
sans doute.....
il faut sagement varier/changer les méthodes de l´enseignement comme la nourriture aussi...
c´est tout !
amha
Rédigé par : mu | 07.10.2006 à 23:10