Tracés, 14 décembre 2005
Sous l'impulsion d' Hârûn al-Rachid [Arikah] (785-809), le légendaire calife de Bagdad, on créa La Maison de la Sagesse [France5], un véritable institut scientifique doté d'une très riche bibliothèque, rassemblant des intellectuels travaillant dans différentes disciplines. Durant deux siècles, Bagdad fut un centre étincelant mêlant la culture grecque (venue avec Alexandre) à celle de la Perse et de l'Inde et aussi à l'invention arabe.
Après traduction et assimilation des textes anciens, les savants arabes développèrent les sciences [Wikipédia | Sciences arabes | Science-Islam] à un rythme extraordinaire. L'algèbre, la trigonométrie, l'analyse combinatoire, la physique, l'architecture, l'hydraulique, la médecine, la chimie atteignirent des sommets. Sans oublier l'astronomie, discipline reine des sciences arabes.
Deux autres califats furent fondés, à Cordoue et au Caire, avec toujours pour règle le mécénat et la tolérance de pensée. Ainsi, il n'était pas rare qu'un juif ou un chrétien se fasse soigner dans un hôpital de Damas ou qu'un chimiste juif travaille avec des collègues arabes au Caire.
À cette époque, le commerce était florissant dans l'empire arabe. Non seulement les produits se mirent à circuler dans cet ensemble cosmopolite, mais également le savoir. Cet essor fut rendu possible par l'apparition du papier, qui remplaça rapidement le papyrus et le parchemin pour des questions de coûts. La technique de fabrication fut enseignée par des prisonniers chinois détenus à Samarkand [Wikipédia | Vitourist], vers 750. Le papier permit de passer de l'enseignement oral à l'étude de la version écrite des cours du professeur. Grâce au papier, les savant purent dialoguer par courrier. Il était fréquent qu'un chercheur de Bagdad entretint une correspondance avec un collègue basé à Séville. [On estime aujourd'hui à environ quatre millions les écrits arabes de tout calibre, conservés dans les bibliothèques privées et publiques du monde. Et cela ne représente qu'une modeste partie de ce qui a été réellement produit, du VIIIe au XVe siècle.] En somme, davantage que la religion, ce qui unifiait cet immense empire s'étendant de la frontière chinoise à Marrakech, c'était le goût pour le savoir.
[L' astrolabe [Wikipédia | Ens-Lyon], parmi toutes les merveilles de cet âge d'or des sciences arabes, est] l'instrument scientifique le plus célèbre de la tradition arabe. D'origine grecque, il sera perfectionné par les astronomes arabes. On lui ajoute successivement un réseau de cercles d'azimut pour mieux s'orienter, une ligne crépusculaire pemettant de déterminer les durées du crépuscule, ainsi que les courbes des heures de prière musulmane. L'astrolabe a en outre la fonction géographique de calculer la direction de la Qibla, c'est-à-dire la direction de La Mecque, pour la prière.
[Dans le domaines du corps humain, Ibn Sînâ [Cosmovisions], connu en Occident sous le nom d'Avicenne (980-1037), reprenant les traités de Galien (IIe siècle après J.-C.)], ira jusqu'à décrire la transformation du sang veineux artériel. Il écrira plus de deux cents ouvrages, parlant du pouls et du rythme cardiaque. Il donnera également des conseils pour apaiser la douleur par des massages, par le froid ou la musique. D'une manière générale, les médecins arabes établissent un lien direct entre les états du corps, la disposition morale et l'environnement du patient. On s'oriente alors vers une médecine «psychosomatique». Ainsi, lorsque le premier hôpital pour aliénés fur créé à Alep, en Syrie, au XIVe siècle, les patients étaient soignés par la variation de la lumière, le bruit apaisant de l'eau, la musique et les breuvages à base de plantes. À la même époque, en Occident, le fou ne pouvait revendiquer (au mieux) que le statut d'illuminé.
[En 1315, l'ingénieur al-Jazarî [Muslim Heritage] rédige le Recueil utile de la théorie et de la pratique dans les procédés ingénieux.] La tradition des automates extraordinaires remonte à Philon de Byzance (IIIe siècle avant J.-C.) et à Héron d'Alexandrie (Ier siècle avant J.-C.). Mais comme pour d'autres disciplines, les savants arabes reprirent et poursuivirent les recherches. Le recueil d'al-Jazarî est le plus précis de tous. [Longtemps considérés comme anecdotiques, ces procédés ingénieux prouvent le haut degré de technicité de l'époque.] Tel cet automate musical en forme de coupe à vin stylisée avec un oiseau juché au sommet. La coupe était placée sur la table, face au convive; l'oiseau sifflait tant que celui-ci n'avait pas bu le contenu jusqu'à la dernière goutte! ■ Eugène
toujours ce blog
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MERCI
Rédigé par : mu | 02.11.2006 à 13:57