La Matin dimanche, 17 décembre 2006
Le burnout [UCLA] est un concept inventé au début des années 1970 par Herbert Freudenberger, un psychanalyste new-yorkais qui travaillait après la fermeture de son cabinet comme bénévole dans une clinique des rues de Harlem. Dépassé par l'immensité de sa tâche, Herbert Freudenberger avait fini par se sentir totalement épuisé sur le plan physique et psychique. Or ses collègues affirmaient ressentir exactement la même chose.
En 1974, il résumait cette prise de conscience en publiant l'article «Staff Burn-Out».
«Freudenberger avait pensé ce concept pour désigner un stress empathique typique d'un engagement psychosocial [...]. Mais avec son idée intuitive et valorisante de flamme consumée jusqu'au bout, d'engagement sans compter, le dévouement total anéanti par l'inhumanité du système, le terme a fait école ailleurs, notamment chez les managers. Aujourd'hui ce sont surtout les enseignants, les journalistes, les indépendants ou le personnel soignant qui considèrent le burnout comme un réalité: il est la preuve que l'on est perfectionniste, engagé, au point qu'on finit par se brûler. En revanche, les ouvriers se décrivent rarement comme victimes d'un burnout lorsqu'ils sont abattus ou dépassés.» [ Michael Marwitz, psychologue de la Clinique Roseneck de médecine psychosomatique à Prien am Chiensee en Bavière] ■ Catherine Riva
L'imaginaire collectif actuel fait du dépressif un perdant qui ne peut s'en prendre qu'à lui-même [...]. À l'inverse, le diagnostic du burnout ne torpille pas l'estime de soi. au contraire, il vous confère une aura héroïque qui vous dédouane de tout et vous absout. Si vous avez craqué, c'est de la faute du système. Vous, vous avez tout donné. Annoncez à l'assemblée lors d'une party que vous êtes victime d'un burnout, tout le monde hochera la tête d'un air compréhensif. Mais dites que vous souffrez d'une dépression et tout le monde vous évitera. ■ Michael Marwitz
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