L'Hebdo, 23 novembre 2006
Le plus souvent, vous remarquerez que les filles ne se plaignent pas. Elles n'adorent pas forcément ces moments, mais ne les vivent pas non plus comme une violence ou une souffrance, simplement, elles apprécient ces expériences à des degrés divers. ■ Propos d'Alain Herzog, pédopsychiatre au Service universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (SUPEA) à Lausanne, publiés dans un dossier consacré au viol collectif
Le Courrier, 14 décembre 2006
L'interview [publiée par «L'Hebdo»] faisait
suite au drame qui a vu treize adolescents violer une mineure à Zurich.
Alain Herzog affirmait en outre que ces viols sont des «expériences de
groupe» qui «n'ont rien de tragique» pour les adolescents, et que ce
sont nous, les adultes, «qui voyons là un traumatisme». Les réactions
n'ont pas tardé à affluer.
C'est d'abord dans les colonnes de «L'Hebdo» que la polémique a
démarré. Le 30 novembre dernier, l'hebdomadaire publiait dans son
«courrier des lecteurs» une lettre écrite au nom de la Société suisse
de psychiatrie et psychothérapie d'enfants et d'adolescents et de la
Société suisse de psychiatrie forensique. L'auteure de ce courrier, [une]
psychiatre pour enfants et adolescents [...], estimait que
les propos de son confrère relevaient d'une «attitude de déni ou de
banalisation d'un acte qui reste malgré tout un trouble sérieux du
comportement sexuel.» «Cette interview va à contresens du message que
nous essayons de faire passer en tant que pédopsychiatre», ajoute(-t-elle), contactée par téléphone.
[...]
«M. Herzog donne l'impression de jeter un regard banalisant voire
complaisant sur des pratiques sexuelles qui relèvent du viol, alors
qu'un spécialiste devrait justement développer une position critique»,
s'exclame [la] cheffe du Bureau de l'égalité du canton de
Vaud. «Cette interview sème le doute sur la réalité du viol collectif
chez les jeunes.» Selon elle, les arguments utilisés par le
pédopsychiatre sont ceux habituellement entendus dans la bouche des
agresseurs. «On a l'impression que M. Herzog se contente de faire écho
au discours des jeunes dont il parle, et c'est incompréhensible de la
part d'un professionnel!» [La pédopsychiatre citée plus haut] trouve les propos [de M. Herzog] problématiques envers les femmes car il culpabilise les
jeunes filles mais également les mères, qui n'arriveraient pas à
éduquer correctement leurs enfants et donc à les empêcher de devenir
des agresseurs. «Ce genre d'interventions ne fait absolument pas
progresser le débat sur les violences sexuelles. C'est plutôt une
régression, car M. Herzog utilise des arguments qui avaient disparu du
discours public.» ■ Marie Vuilleumier
Commentaires