Sciences et Avenir, août 2000
Les couloirs du prestigieux laboratoire de physique de Los Alamos (Nouveau-Mexique) [Wikipédia] restent hantés par le visage souriant et charmeur d’un scientifique excentrique: Richard Feynman, prix Nobel de physique en 1965. Dans les années 40, il avait l’habitude d’ouvrir les classeurs verrouillés et les coffres-forts de ses collègues dans lesquels se trouvaient... les secrets du projet Manhattan, c’est-à-dire de la première bombe atomique. Sa dextérité était telle que le directeur de l’usine d’uranium voisine devait afficher dans les bureaux, après chaque visite du facétieux théoricien: «Prière de changer la combinaison de votre coffre.» Une légende rapporte que, bien des années plus tard, un étudiant de première année avait décidé d’imiter Richard Feynman, alors professeur au prestigieux Caltech [Wikipédia]. Courageusement, il essaya de casser les combinaisons des coffres et les mots de passe des ordinateurs. Et bien sûr, il s’attaqua à celui de Richard Feynman en personne. Le code n’était pas très compliqué: il s’agissait d’un banal nombre de dix chiffres, autrement dit 1010 combinaisons possibles. À l’époque [Wikipédia], les ordinateurs ne pouvaient tester que mille combinaisons par seconde. L’étudiant était au travail depuis une minute et quarante secondes lorsque Richard Feynman entra dans la pièce. Sans se démonter, l’étudiant expliqua qu’il avait déjà essayé 105 combinaisons. «La moitié des combinaisons possibles, précisa-t-il, il me faudra à peine une minute et demie de plus pour trouver la solution.» Richard Feynman se contenta de sourire et lui dit: «Je crois que vous avez encore quelques progrès à faire.» Comprenez-vous l’hilarité du physicien?
L'étudiant commet une erreur grossière en supposant que 105 est la moitié de 1010! Au total, ce sont 107 secondes qu'il lui faudra (1010 : 103 = 1010-3 = 107), soit un peu moins de quatre mois...
Commentaires