[Beethoven] état un homme plein d'arrogance qui avait une confiance absolue en son propre talent et ne faisait aucun effort pour flatter la noblesse. Convaincu que la seule chose respectable et la plus sublime en ce monde était l'art et l'expression juste des émotions. Il considérait que le pouvoir ou la richesse avaient pour seule fonction de servir l'art. Haydn, lui, quand il était pensionnaire chez un mécène noble (et il fut pensionnaire la majeure partie de sa vie) dînait avec les domestiques. À l'époque de Haydn, on considérait que les musiciens appartenaient à cette classe. Haydn, qui était un homme simple et sans affectation, préférait pour sa part partager ses repas avec les serviteur plutôt que de devoir supporter l'atmosphère formelle des dîners de la noblesse.
En revanche ce traitement humiliant plongeait Beethoven dans de violentes colères, au cours desquelles il jetait la vaisselle sur les murs, affirmant son droit à être traité en égal et à manger à la table des maîtres. Beethoven s'énervait facilement (il était même très soupe au lait) et une fois qu'il était en colère, il était difficile de le calmer. Il ne faisait rien non plus pour dissimuler ses idées politiques radicales, et ce comportement s'accentua à mesure qu'il devenait sourd. En vieillissant, sa musique devint à la fois plus expansive et d'une plus grande intériorité. Beethoven est sans doute le seul musicien au monde dont la musique réunit ces deux qualités contradictoires. Mais cette disposition peu ordinaire eu un effet dévastateur sur sa vie. Tout le monde a ses limites, aussi bien physiques que mentales et personne n'est fait pour supporter longtemps des situations aussi extrêmes.
(Hoshino dixit)
Haruki Murakami, Kafka sur le rivage, 2003 Belfond, 2006
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