24 heures, 29 août 2007
Armées, polices et groupes rebelles ne possèdent qu'un quart des armes portatives. Ce sont pourtant celles-là qui font le plus de morts au monde.
Revolvers, pistolets automatiques, carabines, fusils d’assaut, mitrailleuses, lance-grenades portatifs, canons antichars, petits mortiers... Les trois quarts des 875 millions d’armes à feu dites «légères» et «de petit calibre» sont actuellement en possession de civils. Et 40% d’entre eux vivent aux États-Unis. D’ailleurs, la
plupart de ces armes se trouvent dans le monde industrialisé plutôt que dans les pays en développement. [AP | NouvelObs]
Telles sont les conclusions détonantes du rapport publié hier à Genève par le Small Arms Survey, un programme de recherche rattaché à l’Institut universitaire des Hautes Etudes internationales (HEI) et soutenu par le Département fédéral des affaires étrangères.
«Mais attention, [contrairement à une idée reçue,] il n’y a pas de lien direct entre la proportion de civils détenant une arme à feu et le taux d’homicide dans un pays donné», précise d’emblée Keith Krause, qui dirige le programme. «Ainsi au Brésil, où l’on ne compte pourtant que 8 ou 9 armes à feu pour 100 habitants, le nombre de victimes a triplé entre 1982 et 2002, passant de 7 à 21 décès pour 100 000 personnes.» En clair, dans la patrie de Lula, les armes tuent davantage que dans certains pays en guerre.
«Par contre, nous avons décelé un lien évident entre les homicides et l’urbanisation accélérée», relève Keith Krause. «C’est inquiétant car les villes abritent déjà la majorité de
la population mondiale.» Or, cela fait belle lurette que la vie citadine n’est plus synonyme de croissance économique. Chaque année, 25 millions de personnes viennent s’entasser dans les bidonvilles, où vivent déjà un milliard d’êtres humains.
À Rio ou Sao Paolo, si l'on veut échapper à la violence, il vaut mieux ne pas être un jeune homme pauvre de 16 à 21 ans, au chômage et issu d'une famille monoparentale, analyse le chercheur. Confronté à d'énormes inégalités sociales, on a toutes les chances de finir dans un gang. Ou d'en être la victime. Bref: «La possession d'une arme n'est qu'un élément dans l'équation de la violence.»
Cela dit, plus le commerce d'armes est réglementé, plus leur prix augmente. «Avec des implications humanitaires évidentes, assure Keith Krause. Durant certaines guerres civiles, les belligérants ont dû faire face à une pénurie de munitions. Du coup, ils tiraient moins dans la foule. Pour ne pas gaspiller.» ■ Andrés Allemand
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