Courrier international, 5 octobre 2007
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Gordon Moore, cofondateur des
semi-conducteurs Fairchild (puis d'Intel), a formulé sa célèbre loi en 1965, six ans après l'invention de la
puce de
silicium par Fairchild. Moore s'était aperçu que le nombre de
transistors susceptibles d'être miniaturisés et intégrés dans une puce de silicium d'une taille constante doublait en gros d'une année à l'autre.
Carver Mead, professeur à Caltech, baptisa
"loi de Moore"
[Intel | Pierre | Volle] cette tendance exponentielle de la densité des transistors. Et très vite, il fut généralement admis que l'intervalle prévisible pour cette multiplication par deux était de dix-huit mois.
Au début des années 2000, grâce à la loi de Moore, les PC étaient devenus de véritables plateformes multimédias. Notre ordinateur personnel était désormais une centrale d'informations, d'images, de sons et de films, tout en continuant à traiter les mots et les chiffres. Mais dans le même temps, une autre tendance, encore plus puissante quoique moins perceptible, s'était développée. On peut y voir le revers de la loi de Moore. Si, sur l'avers, il était affiché que les puces et donc les ordinateurs deviendraient deux fois plus rapides tous les dix-huit mois "pour le même niveau de prix", le revers, lui, impliquait que les prix chuteraient de 50% tous les dix-huit mois "pour le même niveau de performance".
Le second phénomène à l'œuvre est l'ultramondialisation capitaliste [avec] l'ascension rapide de la Chine, de l'Inde, de l'Asie du Sud-Est, de l'Europe de l'Est, et ainsi de suite. Bien sûr, ce boom planétaire s'explique par de multiples facteurs, depuis la politique de stimulation fiscale de l'offre jusqu'à la libéralisation des échanges. Mais le faible coût de la technologie y joue un rôle essentiel. Car ce n'est plus avec un ordinateur à 2000 dollars tournant sur un microprocesseur à 400 dollars que l'on peut se faire une place au soleil dans l'économie mondiale, mais avec un téléphone compatible avec l'internet, qui coûte 200 dollars et fonctionne avec une puce qui en vaut 20. [...] Si le citoyen éduqué moyen en Chine ou en République tchèque devait débourser 2000 dollars pour se frayer un chemin dans l'économie mondiale, ils en seraient encore à envoyer des fax. ■ Rick Karlgaard
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