Le Temps, 16 octobre 2007
Les
biocarburants
[ADEME | Hespul | NotrePlanète | Prévot | RISAL | Swissinfo] sont sur le banc des accusés, après avoir suscité beaucoup d’espoir et drainé des milliards d’investissements aux États-Unis et en Europe, les deux […] géants agricoles qui subventionnent massivement les nouveaux pompistes des champs. Même le Brésil, cité en exemple pour sa politique de substitution du pétrole lancée au lendemain du premier
choc pétrolier, court aujourd’hui le monde pour se justifier. En très peu de temps, le climat politique a changé, d’autant plus vite que la
pétrochimie
[PlanèteEnergies] s’est engagée dans la bataille pour combattre les législations favorables à la production à grande échelle d’
agrocarburants.
[...] Bon nombre [de critiques] sont fondées et légitimes. Il n’est pas raisonnable d’utiliser des plantes destinées à l’alimentation humaine ou animale pour remplir le réservoir des voitures. L’usage de plantes spécifiques pour la bioénergie
[AEL | CanRen] ou mieux encore le recyclage des déchets de bois ou de végétaux n’entrant pas en compétition avec les cultures vivrières permettront assez rapidement de désamorcer le conflit qui oppose la nourriture au
pétrole
[CitéSciences | Marquant |
OilGas]. En réalité, l’explosion des biocarburants produits à partir de plantes nobles révèle la face cachée d’un monde absurde où produire de l’
essence ou du
biodiesel est plus rentable que nourrir ses semblables en raison d’incitations économiques erronées. Les biocarburants font peur car ce même monde, qui pensait nager dans les surplus agricoles infinis et bradés sur les marchés des pays pauvres, découvre trop tard la voracité chinoise, la fragilité des
écosystèmes forestiers, l’ampleur des sols pollués ou sacrifiés à l’urbanisation galopante. Accuser les biocarburants de tous les maux, c’est leur faire un bien mauvais procès. Car nous aurons besoin des ressources de la biomasse pour remplacer les
hydrocarbures fossiles
[ULaval] qui se font rares et chers. La planète va redécouvrir l’importance d’une
agriculture durable
[Arvalis | Europa] et équilibrée après l’avoir trop vite abandonnée au rang des industries en déclin irréversible. ■ Pierre Veya
Commentaires