Quand on aime, on est un ou deux?
Cette fusion est souvent illusoire. Comme dit Woody Allen: «Quelle nuit d'amour extraordinaire! Nous ne faisions qu'un: moi.» On veut se fondre dans l'autre, pourvu que ce soit à son propre bénéfice. En tout cas, ce n'est pas bon d'avoir été trop aimé, d'en être trop sûr. Freud disait qu'il était tellement sûr d'être aimé par sa mère que ça l'a rendu conquérant pour la vie. En même temps, cela peut être paralysant. À trop combler sa mère, on est paralysé avec les autres. Ce qu'il y a de bien dans l'amour, c'est qu'il n'est jamais comblant. Les femmes croient parfois qu'elles peuvent être comblées. Avec cette idée de creux rempli. Peut-être le sont-elles pendant la grossesse? On en voit qui sont dans un état d'épanouissement total. Mais l'amour, la sexualité ont toujours quelque chose d'inachevé. Freud dit encore: il y a dans la pulsion quelque chose qui résiste à la pleine satisfaction. Pas à la satisfaction, mais à la pleine satisfaction.
Propos de Jean-Bertrand Pontalis, in: Le Nouvel Observateur, 2 août 2007
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