signature.rsr.ch, 17 juin 2008
[De nombreux Européens ont l’incompréhensible prétention] à vouloir faire voter les peuples sur les traités internationaux. Comment peut-on […] affirmer sérieusement que les citoyens et les citoyennes des différents pays ont suffisamment d’informations pour juger de la nature, forcément complexe, d’un traité? C’est tout simplement oublier l’histoire.
Les Français et les Allemands, s’ils avaient eu l’occasion de voter, n’auraient certainement pas accepté le Traité de l’Élysée, le Traité d’amitié franco-allemande, signé en 1963, par le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer. Les peuples d’Allemagne, de France, d’Italie et du Benelux, s’ils avaient dû se rendre aux urnes, n’auraient certainement pas accepté non plus le Traité de Rome, le Traité instituant la Communauté économique européenne - devenue l’Union européenne - signé en 1957 dans le Salon des Horaces et des Curiaces sur la colline du Capitole romain.
Franchement, seuls les optimistes les plus béats imaginent encore que les peuples concernés, soudainement saisis par un accès inattendu de lucidité, auraient dit OUI à deux traités qui ont pourtant permis à l’Europe de ne plus connaître de guerre depuis 1945.
Contrairement à ce que l’on croit trop souvent, les peuples n’ont pas toujours raison. [Les NON peuvent être] des erreurs de jugement commises par des opinions publiques mal informées. ■ Urs Gfeller
Note: Pour Benjamin Constant, si la volonté générale détient bel et bien la souveraineté, elle ne peut accoucher pour autant de l'intérêt général.
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