[En 1945], la France prend la décision de rétablir l'ordre dans ses colonies d' Indochine. Comme le gouvernement socialiste refuse de rappeler les soldats du contingent, à peine remis des combats de la
Seconde Guerre mondiale, il faut recruter des renforts. En sus de l'armée de métier, on fait alors massivement appel à la
Légion étrangère [1]: de 1945 à début mai 1954, date de la victoire de l'armée vietnamienne du général
Giáp sur l'armée française à
Diên Biên Phú [2], plus de 44 000 légionnaires auront été mobilisés.
Ce que l'on sait moins, et que la Légion n'avoue qu'à demi-mot, c'est qu'une majorité de ceux qui portent alors le fameux «képi blanc» sont d'origine allemande [3]. Parmi ces volontaires, un grand nombre d'anciens de la
Wehrmacht et de la
Waffen SS, dont d'authentiques criminels de guerre prêts à tout pour échapper à la justice, le plus souvent recrutés dans les camps de prisonniers ou les camps de transit situés dans la
zone d'occupation française en Allemagne. Les unités d'
Hô Chi Minh diffusent même par mégaphone des slogans en allemand à l'intention de ces légionnaires germanophones!
Dans certaines unités comme le 1er REP (régiment étranger parachutiste), on compte jusqu'à 45% d'anciens
SS et 45% d'anciens
nazis hongrois. Tous se sont engagés sous une fausse identité, profitant de l'anonymat absolu offert par la Légion. Une règle en vertu de laquelle ils se croyaient à l'abri.
Frédéric Ploquin, in: Imré Kovács, Le Vengeur. À la poursuite des criminels nazis, rédigé en 1981, Fayard, 2006
2. DiênBiênPhú
3. Légionnaires allemands en Indochine
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