lemonde.fr, 9 août 2008
Il faut prendre une perspective historique. La naissance du nationalisme chinois est contemporaine du déclin de la dynastie mandchoue des Qing. Il s'est développé après la signature des Traités inégaux. Le Kuomintang de Tchang Kaï-chek et le Parti communiste de Mao Zedong étaient tous les deux nationalistes. Avant 1949, le nationalisme avait une base réelle, car la Chine affrontait de réelles invasions, de réelles menaces. Le nationalisme résonnait avec ce qui se passait dans le monde, la seconde guerre mondiale... Hitler était un nationaliste. Mais, après 1949, le gouvernement communiste a continué à infuser des idées nationalistes dans les jeunes esprits, et le nationalisme est devenu une illusion, quelque chose de faux.
[…] Les comportements irrationnels des fenqing sont le produit direct du système éducatif de la Chine communiste. Cette éducation est marquée par la violence et l'agressivité, elle met l'accent sur deux choses: la lutte des classes à l'intérieur et la xénophobie face à l'extérieur. Avec le monde extérieur, il n'y a aucun compromis, aucune négociation possible. Selon la doctrine du Parti communiste en matière d'éducation, l'étranger incarne le mal. Notre système éducatif produit deux types de gens: des esclaves et des fenqing.
[…]
Pour moi, les fenqing ne représentent pas une menace, parce qu'ils ne sont pas organisés, ils n'ont pas de programme politique, ce sont de simples bandes en proie à un trouble hormonal, une bouffée d'énergie pubertaire. Ils regardent ce que dit le gouvernement avant d'agir. Ils ne sont pas idéalistes, rien de comparable avec les maoïstes français ou américains d'il y a quarante ans. Ces gens étaient beaucoup plus influents que les fenqing d'aujourd'hui! ■ Propos de Li Datong, ancien rédacteur en chef de Bing Dian, supplément hebdomadaire du China Youth Daily, recueillis par Olivier Montalba.
Suspendu une première fois pour avoir réclamé la liberté de la presse lors du Printemps de Pékin, en 1989, Li Datong a été de nouveau "placardisé" en janvier 2006. Il publie désormais ses articles critiques dans l'hebdomadaire de Canton, le Nanfang Zhoumo. Membre du Parti communiste, il a cessé de payer ses cotisations depuis qu'il a été écarté de la direction de son hebdomadaire, mais il ne se définit pas comme un dissident.
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