Horizons, septembre 2008
Nous vivons à l'ère de la quantification. D'après la Haute École de Rapperswil la valeur annuelle d'un oiseau, en termes de rendement économique, est de 301 francs. Elle résulte des 60 000 insectes agaçants ou nuisibles que l'oiseau élimine ou des 5000 graines qu'il dissémine chaque année, mais aussi de la valeur récréative de son chant et des ses propriétés de bioindicateur en matière de pollutions environnementales. S'il vit entre quatre et cinq ans, l'oiseau «rapporte» donc entre 1200 et 1500 francs (alors que sa valeur matérielle est de quelques centimes). À l'occasion de la Conférence de l'ONU à Bonn sur la biodiversité, l'économiste indien Pavan Sukhdev a calculé la valeur de la nature.
Si la déforestation continue au même rythme d'ici 2050, le prix à payer serait de l'ordre de 3,2 billions de francs suisses. Et le WWF évalue la valeur des océans à un montant de 22 billions de francs suisses.
[...]
[Mais est-ce] que la somme de 301 francs nous en apprend vraiment davantage sur la «valeur» d'un oiseau? Sa beauté? Le charme de son chant? Où se situe la «valeur» du bonheur ou de la satisfaction sur l'échelle de la qualité de vie, chez nous [...] ou dans un pays pauvre? [...]
Le montant de 3,2 billions de francs ne nous dit rien sur la beauté perdue en raison de la déforestation. [Les scientifiques devraient] résister à la pression des quantifications absurdes. ■ Rosmarie Waldner, docteure en zoologie, rédactrice scientifique au Tages-Anzeiger
Horizons, septembre 2008
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