La Croix, 23 septembre 2009
Cela commence par une drôle d’histoire de poule et de vétérinaire au XVIIIe siècle. Ce vétérinaire, du nom d’Abildgaard, s’était lancé en 1775 dans une curieuse et un peu cruelle expérience: envoyer du courant électrique à un gallinacé pour voir ses réactions. «Il s’est rendu compte que l’électricité provoquait d’abord un arrêt cardiaque mais qu’avec un deuxième choc électrique, on pouvait faire repartir le cœur. [docteur Pascal Cassan, médecin conseiller national à la Croix-Rouge française]» [L’expérimentation n’était guère éthique mais] elle aura eu un mérite: signer l’acte de naissance de la défibrillation cardiaque.
Aujourd’hui, les cardiologues n’ont plus besoin de recruter dans les poulaillers pour faire avancer la recherche: la défibrillation, utilisée pour la première fois chez l’homme en 1956, est désormais une technique bien maîtrisée, qui peut même être utilisée par le grand public pour sauver les victimes d’un arrêt cardiaque.
[Ces appareils utilisent un choc électrique pour aider un cœur à se remettre à battre efficacement.]
[…]
Les premiers appareils, apparus sur le marché il y a quarante-cinq ans, ont d’abord été réservés aux seuls médecins. Ensuite, les fabricants ont conçu des défibrillateurs semi-automatiques puis entièrement automatiques, pouvant être utilisés par les secouristes et les paramédicaux. Dans les années 1990, certains pays comme les États-Unis ont même autorisé leur usage par le grand public. «C’est ainsi qu’on a pu prouver que les défibrillateurs permettaient à des citoyens ordinaires, qui ne connaissaient rien à la médecine, de sauver des vies. [Dr C.]»
[…]
En général, les défibrillateurs […] sont placés dans des […] «endroits à fort passage mais aussi les zones à risque pour les accidents cardiaques. C’est le cas des sites sportifs, bien sûr, mais aussi des gares et des aéroports. Statistiquement, [le nombre d’incidents y est] plus élevé pour une raison simple: les gens se dépêchent pour ne pas rater leur train ou leur avion et peuvent plus être stressés que d’ordinaire. [docteur Jean-Pierre Rifler, chef de service des urgences de l’hôpital Montbard/Châtillon-sur-Seine]»
Mais pour faire reculer de manière significative la mortalité, il est [impératif d’équiper] d’autres acteurs de la vie publique, en particulier les entreprises. […]
[…]
Reste une étape importante: celle de l’équipement des lieux d’habitation collective. En effet, en moyenne, 70 à 80% des arrêts cardiaques surviennent à domicile, dans le milieu familial. C’est la raison pour laquelle les professionnels plaident pour que des défibrillateurs soient installés dans les immeubles ou les résidences de maisons individuelles.
[Aujourd’hui, on trouve des extincteurs un peu partout. Pourquoi ne pas faire pareil avec les défibrillateurs?] ■ Pierre Bienvault
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