Magazine Greenpeace, septembre 2008
La première "révolution verte", celle des années 1950, avait l'intention avouée de lutter contre la pauvreté dans les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud et de développer la sécurité de l'approvisionnement alimentaire. Les moyens étaient plutôt discutables: monocultures, engrais chimiques, plants traités nécessitant l'utilisation d'engrais et méthodes onéreuses qui ont ruiné de nombreux paysans. La deuxième "révolution verte" est d'ordre purement
biotechnique. Il ne s'agit plus que de contrôler la chaîne alimentaire au moyen de plants
brevetés qui appartiennent, entre autres, à
Monsanto. Cette société est devenue aujourd'hui la plus grande entreprise mondiale de semences dans le domaine du
génie génétique.
Conséquences
L' indépendance alimentaire qui repose sur l'existence de paysans et de petits agriculteurs est gravement compromise dans le monde entier. En Amérique du Nord, on ne trouve plus de colza biologique, car les plants traditionnels ont été contaminés par les
OGM de
Monsanto [1]. Au Mexique, il n'y a quasiment plus de maïs qui ne soit pas génétiquement modifié. Les pays qui affichent leur
scepticisme face aux OGM, comme le Paraguay et le Brésil, ont eux aussi été contaminés à cause du trafic de semences de contrebande, et donc pratiquement été conquis - certains indices laissent à penser que
Monsanto est derrière cette affaire. La multinationale est en effet arrivée après-coup et a déclaré: vous avez utilisé nos plants brevetés, cela va vous coûter cher! De plus, pour protéger ces semences, il faut impérativement répandre du
Roundup [2], un
herbicide produit par Monsanto. Or, c'est un produit extrêmement toxique. Les ouvriers agricoles tombent malades, les sols sont empoisonnés, l'eau est polluée - c'est une catastrophe.
Pour que cela change
S'ils s'unissent, les consommateurs et les paysans pourront arriver à quelque chose. Certains paysans américains ont déjà porté plainte, car ils reprochent à Monsanto d'avoir enfreint la Loi antitrust - tout comme Microsoft. ■
Albert Kuhn, journaliste indépendant, à propos du film documentaire de Marie Monique Robin, journaliste, Le Monde selon Monsanto. Le prix Albert Londres a été décerné en 1995 à M.R. pour son travail sur le trafic d'organes.
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