Le Temps, 2 octobre
«Une culture purement positiviste [1], qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant
Dieu, serait la capitulation de la
raison. [Propos du pape Benoît XVI tenus en France]»
Auguste Comte [2], qui a développé l’idée que l’humanité a passé par trois âges: [l’état théologique, ou fictif (fétichisme, polythéisme et monothéisme), l’état métaphysique, ou l'abstrait, et enfin l’état scientifique, ou positif, l’âge de maturité de la connaissance qui accorde le primat aux sciences]. Le
«positivisme» [3] était né. Le
rationalisme [4], la
laïcité, sont tributaires de cette pensée. Le pape voit en cela un obstacle à la
foi. Son argumentation prête cependant le flanc à une importante critique. C’est l’
Église romaine qui, la première, a placé dans le domaine subjectif la question concernant Dieu.
Augustin,
Anselme de Canterbury,
Bonaventure,
Thomas d’Aquin, ont cherché la preuve rationnelle de l’existence de Dieu dans le fait que nous en concevons l’idée. Ce faisant, les
scolastiques consacraient le primat du sujet pensant. Toute la philosophie, en Occident, y compris celle de
Descartes, a été marquée par cette démarche.
[5] Mais, parce qu’elle apportait l’affirmation rationnelle de Dieu, la métaphysique scolastique préparait aussi la possibilité de sa réfutation rationnelle. Ce qui n’a pas manqué d’arriver. Quand un prélat de l’Église d’Occident revendique la raison pour affirmer l’existence de Dieu, il est – qu’il le veuille ou non – dans le domaine subjectif qu’il croyait esquiver. Or, personne ne peut être convaincu de la possibilité d’une connaissance de Dieu sans le secours de la foi. La foi, disait
André Frossard, c’est ce qui permet à l’intelligence de vivre au-dessus de ses moyens. ■ Jean-Louis Jacot-Descombes, pasteur, in: rubrique «Vous et nous»
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5. Freud [L'Agora] affirmera le primat de l'
inconscient [Psyinfirmière].
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