Il est un secret bien gardé: le montant des versements des milieux économiques aux partis politiques suisses. Les pontes du pouvoir politique savent pourtant. Des recherches du SonntagsBlick fournissent pour la première fois l'ordre de grandeur de ces dons: chaque année l' UDC (Union démocratique du centre), le PDC (Parti démocrate-chrétien) et le PRD (Parti radical-démocratique) encaissent quelque 2 millions de francs en provenance des grandes banques: UBS et Credit suisse (De 100 à 500 000 francs pour le PDC, plus de 500 000 pour l'UDC et entre 500 et 700 000 pour le PRD). En fait, cette estimation doit être revue à la hausse. En février 2006, le quotidien 24 heures, qui avait mis la main sur la liste des donateurs du Parti libéral suisse, avait ainsi révélé qu'en 2003, la minuscule formation (à l'époque 6 parlementaires, contre 60 radicaux) avait reçu 100 000 francs de l'UBS, 20 000 du Credit Suisse. À cette somme il faudrait ajouter une partie des 60 000 francs d' economiesuisse, elle-même largement financée par les banques. Et ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. Car la grande masse de l'argent va directement aux politiciens. En 2005, L'Hebdo montrait que, ensemble, les 246 parlementaires touchent au moins 10 millions par an via des conseils d'administration. Mais là ce sont les assureurs-maladie qui son en tête.
Il existe des comptes secrets alimentés par des dons dont personne ne doit connaître la provenance. Un parlementaire précise que la provenance des dons devait être maquillée. Un autre déclare que sans l'argent d'UBS et du CS, les démocrates chrétiens auraient de la peine à faire bouillir leur marmite: ces dons forment un quart du budget du PDC. Un autre affirme que le PRD possède lui aussi un compte secret pour camoufler l'origine des fonds. Un ancien apparatchik du PRD ne cache pas que les grandes banques ont lié leurs versements à certaines conditions et que notamment lors de l'élection d'un conseiller fédéral (PRD) encore en fonction les pressions ont été très fortes. Quand un parlementaire de l'UDC a dénigré en mars 2005 la «clique des petits copains» du Credit Suisse dans l'hebdomadaire Die Weltwoche, le président du CS est intervenu personnellement: le soutien financier à l'UDC a été suspendu pendant une année.
Enfin, il faut rappeler que certains partis, de gauche notamment, n'hésitent pas à rétribuer des gens pour récolter des signatures lors du lancement d'une initiative populaire. Est-ce conforme à l'éthique politicienne, à la morale, aux règles de la démocratie? Quelle est la provenance de l'argent? ■
Sources: D'après Le Matin Dimanche, 26 octobre 2008; L'Hebdo, 30 octobre 2008; ...
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