afp, 13 décembre 2008
L' esclavage, un mal officiellement aboli depuis deux siècles avec la fin de la traite des noirs mais dont 27 millions de personnes continuent selon les Nations unies de souffrir dans le monde sous diverses formes
"Si
l'esclavage a officiellement été aboli partout dans le monde, il reste néanmoins
une composante largement répandue et profondément enracinée dans la vie
contemporaine", a souligné l' Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture alors qu'était célébré le 60e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Selon un rapport publié par l'organisation, "l'extinction de l'esclavage transatlantique est souvent considéré comme un point final dans l'Histoire, qui a relégué l'esclavage dans un passé ancien. C'est une erreur."
Le rapporteur spécial de l'ONU sur les formes modernes d'esclavage, Mme Gulnara
Shahinian, a estimé fin novembre à "plus de 27 millions d'hommes, de femmes, de garçons et de filles"le nombre de personnes vivant aujourd'hui dans le monde en situation d'esclavage, comme le travail forcé par des dettes et l'exploitation sexuelle.
Selon le rapport de l'Unesco, réalisé par l'institut britannique Wilberforce, "la plupart de ces 27 millions viennent du sous-continent indien, où entre 15 et 20 millions d'esclaves seraient maintenus dans un travail forcé en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et au Népal".
Selon des chiffres plus restrictifs de l' Organisation internationale du travail, ce
sont 12,3 millions de personnes qui sont dans des conditions de travail forcé de par le monde, dont 2,4 millions victimes d'un trafic d'êtres humains et 2,5 millions exploités par un État ou un groupe rebelle armé.
Le rapport affirme que quelque 360 000 personnes sont en situation d'esclavage
dans des pays industrialisés, dont environ la moitié à des fins d'exploitation
sexuelle.
D'autres chiffres de l'OIT estiment à 8,4 millions le nombre d'enfants soumis aux pires formes d'exploitation (travail forcé, enfants soldats, prostitution et
pornographie infantile notamment), sur un total de 211 millions d'enfants qui travaillent dans le monde.
Le rapport publié par l'Unesco cite plusieurs exemples comme celui de l'Inde où "en plus de la question clé de la complicité officielle, de nombreuses études ont
aussi relié le travail forcé aux problèmes plus larges de la discrimination des
castes […] et d'une pauvreté endémique".
En Mauritanie, où "la supériorité politique et économique des ′Maures blancs′ est essentiellement basée sur l'assujettissement de leurs compatriotes noirs , les personnes réduites à une situation d'esclavage seraient au moins au nombre de 100 000, selon la même source.
À Singapour, 160 000 employés de maisons immigrés, majoritairement des femmes
originaires des Philippines, d'Indonésie et du Sri Lanka, endurent "des
abus psychologiques et physiques, traitements dégradants, punitions arbitraires
[…] et restrictions de déplacement", relève le rapport.
Enfin, le texte cite l'exemple de la Grande-Bretagne, où "des dizaines de
milliers d'immigrants endurent une grave exploitation".
"Au moins 10 000 femmes et entre 3000 et 4000 enfants ont fait l'objet d'un trafic
en Grande-Bretagne ces dix dernières années pour leur exploitation sexuelle et des milliers d'autres immigrants ont été contraints au travail forcé notamment dans la construction, la restauration, et les emplois à domicile, malgré les efforts des autorités britanniques, selon la même source. ■
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