Le Temps, 23 janvier 2009
Le golf séduit les managers et les chefs d'entreprise. Non pas (seulement) pour son côté réseautage, mais parce qu'il permet d'améliorer les performances managériales.
C'est du moins ce que montre une étude. Ce travail de recherche appliquée se fonde principalement sur une centaine d'interviews menées en Suisse, auprès de golfeurs amateurs, en majorité des hommes, âgés de 40 à 60 ans, chefs d'entreprise, cadres ou indépendants.
Parmi les résultats principaux: 83% des personnes interrogées estiment que jouer au
golf rend un manager plus efficace au travail; 78% ont mesuré personnellement un impact positif sur leur travail; 87% des managers qui ont répondu au questionnaire pensent que le golf offre plus d'avantages qu'une autre méthode de développement personnel, en particulier parce qu'il fait travailler conjointement le corps et l'esprit.
«Le golf est un miroir du management: il y a vraiment de nombreux parallèles entre la pratique de ce sport et celle de la gestion. Les qualités mentales développées dans ce jeu sont plus proches des talents exigés d'un manager que dans n'importe quel autre sport. Elles sont aussi valorisées au quotidien dans la pratique des dirigeants. [Katrin Muff, directrice de l’étude, qui joue elle-même depuis 2001 et qui a coaché des golfeurs amateurs pour les aider à travailler leur préparation mentale]» Parmi elles: l'assurance, le calme, l'optimisme,
la confiance en soi, la concentration, l'imagination, la maîtrise et
l'engagement.
Plusieurs des compétences acquises au golf permettent d'améliorer sa performance lorsqu'elles sont transposées dans un cadre managérial. C'est valable pour la gestion du stress (51% des sondés le disent), la prise de décision et la capacité à prendre du recul (37%), la définition des objectifs, la négociation ou la mise en place d'une stratégie, ainsi que l'amélioration de la capacité d'analyse. «Personnellement, je suis plutôt quelqu'un d'impatient. Je prenais souvent des décisions rapidement, assez intuitivement. Le golf - lorsqu'on analyse de quelle manière il vaut mieux frapper la balle - m'a appris à prendre plus de temps, à étudier plusieurs options et à choisir ensuite seulement la meilleure. [K.M.]»
«Le rythme est extrêmement varié dans un parcours de golf et on ne répète jamais
deux fois le même geste. Il faut gérer cette variation de rythme, gérer sa force entre les coups longs et les coups courts, par exemple. Cela sert dans la vie professionnelle où il faut s'adapter sans cesse à de nouvelles situations - la crise actuelle, par exemple - et trouver des solutions originales. [Un directeur d’entreprise]»
«On apprend aussi à corriger le tir en cas d'erreur. On se rend compte que plusieurs chemins mènent au but et que, parfois, les derniers mètres sont les plus difficiles à parcourir. C'est un jeu où l'on n'a pas d'excuses lorsque l'on ne réussit pas. On ne peut pas s'en prendre à son partenaire, comme au tennis par exemple, en se disant qu'on a perdu parce que l'adversaire était plus fort. Au golf, on est seul responsable de ses décisions et de ses actes, lorsque l'on choisit comment lancer la balle. On est tout le temps confronté à soi-même. [Un responsable des ventes télécoms dans une grande entreprise]»
«Pratiquer le golf est un apprentissage de soi et de l'humilité. Si vous lancez mal la balle, si elle arrive dans la forêt ou dans un plan d'eau, vous êtes seul face à votre erreur et il faut assumer. Je vois là un parallèle fort avec la fonction de dirigeant. Cela apporte un équilibre, une vraie détente. Jouer oblige à s'extraire du stress quotidien pendant quatre heures environ. Dès les premiers trous, il faut être absolument dans le jeu, cela procure un vrai sentiment de détachement. [Le directeur d’entreprise]»
Une
plus grande résistance au stress, une meilleure gestion de la concentration et
de l'effort. Sur ces plans-là aussi, le golf a un rôle à jouer. «Aujourd'hui,
les managers sont les athlètes de l'entreprise. Or la manière de gérer l'effort
est très différente entre un manager et un sportif de haut niveau. Un athlète
alterne des périodes d'effort et de compétition intenses avec des périodes de
récupération, de repos et d'entraînement. Le manager, lui, n'a ni entraînement,
ni repos. Les entreprises valorisent plutôt les journées de 15 heures. Or, pour
rester performants sur la durée, pendant trente ou quarante ans d'activité
professionnelle, les dirigeants devraient s'inspirer des sportifs et apprendre
à faire suivre les périodes de performance intense par des plages de
relaxation. [K.M.]»
En ce sens, le golf apprend à passer
rapidement et souvent de moments de grande concentration avant de taper dans la
balle à des phases de détente en marchant. «Durant les quatre heures d'un
parcours, vous jouez vraiment 45 minutes. Vous avez ainsi entre 70 et 100
occasions de pratiquer la concentration et le lâcher prise. [K.M.]» «Dans la vie professionnelle aussi, il
s'agit de réussir à prendre du recul sans perdre l'objectif de vue. Et puis, en
cas d'erreur, savoir changer de stratégie, repartir depuis là et changer de cap
sans ressasser le passé. [Le
reponsable des ventes]» ■ D’après Catherine Duboulo
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